Téléchargez notre trimestriel du printemps 2018 consacré à la pair-aidance. 

La pair-aidance constitue peut-être à ce jour l’une des brèches les plus originales que les secteurs de l’aide et du soin peuvent creuser dans la grande fabrique des pauvres. En intégrant l’expertise d’anciens bénéficiaires, la pair-aidance propose aux équipes de professionnels de repenser leurs pratiques et d’opérer un décentrement de la relation qu’ils entretiennent avec leurs publics. L’intégration de ces « savoirs d’expérience » au sein même des métiers du social ouvre de nouvelles voies pour coller au plus près des besoins et des réalités des publics fragilisés. Et par là même, la pair-aidance est un outil aujourd’hui indispensable pour améliorer l’accessibilité des services et lutter contre le non-recours.

Pourtant, et malgré une décennie d’injonctions à davantage de participation des publics fragilisés, l’intégration de pair-aidant dans les équipes de professionnels est encore poussive. Comme si cette participation devait se cantonner à des tables rondes où l’on se risque à des frayeurs démocratiques. Ecouter les précaires, soit. Mais la pair-aidance, elle, propose de faire de leur voix une expertise reconnue, rémunérée, et influente jusque dans l’organisation de
l’intervention sociale. En cela, la pair-aidance est politique. En misant sur le rétablissement et l’empowerment, en questionnant l’existant, en transformant en métiers des savoirs acquis dans des parcours difficiles, elle fait écho à des mouvements sociaux qui ont pu changer les lignes de forces. A nous maintenant d’œuvrer à une reconnaissance et un statut pour les pairs-aidants. A nous de formaliser une culture commune en la matière. Pour ce faire, il faudra continuer à multiplier les initiatives en intégrant des pairs-aidants dans nos équipes de travail social. Et réclamer ensemble les moyens pour le faire.  

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