En Belgique, on estime que plus de 15% de la population est confrontée à un risque de pauvreté. Mais jusqu’ici, peu de recherches statistiques avaient analysé le phénomène en tenant compte du caractère urbain ou rural de l’environnement. Le Service de lutte contre la pauvreté et la Politique scientifique fédérale ont mandaté des géographes de l’Université Libre de Bruxelles et la KU Leuven pour recueillir ce matériel statistique. On en arrive à une « cartographie de la pauvreté ».

Le résumé de la recherche

Les résultats de la recherche montrent que la pauvreté est la plus fortement représentée dans les zones urbaines densément peuplées (21,2 % en moyenne dans les grandes villes du pays, davantage encore en Région bruxelloise). On pouvait s’en douter. Mais, plus étonnant, ce sont les régions très rurales qui arrivent en seconde position avec 15,9 %. Les autres zones (entités vertes, petites villes) concentrent des taux de pauvreté moins élevés. Comme le dit Françoise De Boe, du Service de lutte contre la pauvreté : “Cette recherche confirme que la pauvreté est fort présente dans les villes, mais qu’elle est clairement présente aussi en milieu rural, comme certains signaux du terrain l’avaient déjà indiqué. La pauvreté connaît plusieurs visages et il est donc important de mener une politique différenciée et coordonnée. Le niveau local a un rôle extrêmement important à jouer à cet égard.”

Il faut saluer le formidable travail de recoupement statistique effectué dans cette recherche. Un travail en plusieurs phases. La première a consisté à établir, en fonction de l’éventail des équipements, des services et des moyens de transport disponibles, une typologie des communes selon leur degré de ruralité ou d’urbanisation. Les chercheurs ont ensuite travaillé sur les données de l’enquête EU-SILC. Celle-ci contient de nombreuses informations sur les ménages interviewés, mais elle est basée sur un échantillon, ce qui peut poser des problèmes quand on veut s’intéresser plus en détail à des régions rurales. Enfin, les données socioéconomiques de l’ensemble la population, issues de la Banque Carrefour de la Sécurité sociale, ont également été exploitées. Tout cela a permis de mesurer la pauvreté à partir de données individuelles relatives à tous les habitants du pays, dans tous les types d’environnement.

Le rapport final des chercheurs de l’ULB et de la KUL