Petit à très petit à tout petit
>> Novembre 2012La réforme des allocations de chômage est entrée en vigueur le 1er novembre 2012. Elle prévoit une dégressivité des allocations jusqu’à un montant forfaitaire bien en-deçà du seuil de pauvreté.
Le Forum bruxellois de lutte contre la pauvreté soutient le recours introduit par le Netwerk tegen Armoede (Réseau flamand de lutte contre la pauvreté) auprès du Conseil d’Etat et visant l’abrogation de l’arrêté royal du 23 juillet 2012 augmentant la dégressivité des allocations chômage. Nous considérons qu’une plus forte dégressivité des allocations va générer quatre effets désastreux en termes de pauvreté :
- En premier lieu, elle va diminuer des revenus de substitutions qui sont déjà largement au-dessous du seuil de pauvreté et qui ne permettent, en aucun cas, d’avoir une vie conforme à la dignité humaine.
- En second lieu, la dégressivité des allocations va pousser les personnes au chômage à accepter des emplois précaires, mal rétribués et de mauvaise qualité afin d’assurer leur survie matérielle. A l’heure où Joseph Konings (KU Leuven), dans une étude réalisée pour le Brussel Metropolitan, nous apprend qu’à Bruxelles, « il y a 112 demandeurs d’emploi candidats pour chaque poste à qualification réduite », il est évident qu’inciter les chômeurs à trouver plus rapidement un emploi par la contrainte financière les poussera à accepter de mauvaises conditions de travail. L’émergence et/ou l’augmentation de travailleurs pauvres sera donc une conséquence de cette réforme de l’assurance chômage.
- Troisièmement, la complexité de la réglementation aura des effets sociaux néfastes. En particulier, il sera très difficile pour un chômeur de prévoir à l’avance son revenu mensuel. Cela provoquera une insécurité existentielle, déjà inscrite dans le statut de chômeur, qui va s’accroître avec l’introduction de la dégressivité des allocations.
- Enfin, la dégressivité va sanctionner très fortement les bénéficiaires des allocations chômage soumis au statut de cohabitant. Les femmes, principales victimes de ce qu’on appelle la « non-individualisation des droits » (80% des « cohabitants sont des femmes), vont donc être largement et davantage discriminées.
"Joblessmen keep going", photographie de John E. Allen, durant la Grande Dépression dans l’Indiana.
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