Gilles Van Hamme, géographe à l’ULB/IGEAT, était l’invité de notre assemblée générale 2012. Chiffres à l’appui, il a tordu le coup aux idées reçues sur la croissance et l’accès à l’emploi.

Bien sûr il y a la crise. Elle est structurelle et, assurément, elle débouchera tôt ou tard sur des ajustements structurels. Mais c’est à peu près tout ce qu’on peut en dire aujourd’hui. Pour Gilles Van Hamme, géographe à l’ULB/IGEAT, c’est l’avant-crise, l’avant 2008, qui peut nous en apprendre davantage sur la situation bruxelloise.

Souvenez-vous : début des années 90, Bruxelles retrouve une croissance économique, et elle s’avère même supérieure à la moyenne nationale. Pourtant, lorsqu’on fait le bilan, Bruxelles n’a cessé de se dualiser durant les deux dernières décennies et, plus inquiétant encore, les ménages aux revenus les plus faibles ont vu leur situation se dégrader dans les années 2000. C’est cela tout le propos de Gilles Van Hamme : la croissance économique ne produit pas nécessairement d’effets sociaux favorables. CQFD par Bruxelles.

Et l’emploi dans tout cela ? La création d’emploi ne suit pas, ou pas comme il faut. En effet, Bruxelles a produit plus d’emploi qualifié que le reste du pays. Et l’amélioration du niveau moyen de formation a suivi : de 1992 à 2009, le nombre de diplômé du supérieur a fait un bond de 15 %. Difficile de faire mieux ! Mais cette nette amélioration du niveau de formation ne s’est pas traduite par une baisse du chômage. Est-ce à dire que le diplôme n’a pas d’impact sur le parcours des chômeurs ? Si, dit Gilles Van Hamme, il en a au niveau individuel : la probabilité de chômage diminue avec le niveau du diplôme. Mais au niveau "agrégé" (ou macro), cette relation ne tient plus. Politiquement parlant, le tout à la formation est donc une réponse insuffisante à la problématique du chômage. C’est une réponse qui repose une extrapolation abusive de constats portés au niveau individuel.

Pour aller plus loin : Brussels Studies a publié un article qui reprend les chiffres et tableaux sur lesquels Gilles Van Hamme fait reposer son analyse.