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Martelons les chiffres à nouveau : à Bruxelles, plus d’une personne sur trois vit sous le seuil de pauvreté et ce taux ne fait qu’augmenter. La crise sanitaire que nous traversons depuis mars 2020 vient encore souligner la vulnérabilité de la population bruxelloise. Chaque jour, des acteurs de première ligne travaillent à endiguer cette précarité croissante. Et chaque jour, des chercheurs de différentes disciplines tentent d’en comprendre les mécanismes. Pourtant, rien ne semble pouvoir freiner l’aggravation des inégalités sociales.

Face à ces constats, Le Forum – Bruxelles contre les inégalités et le Conseil bruxellois de coordination sociopolitique (CBCS) ont fait le pari du décloisonnement en s’associant à des chercheurs en sciences sociales venus du METICES (ULB) et du CIRTES (UCLouvain). Cette alliance a conduit à la mise en place d’un dispositif hybride et nouveau : le CREBIS, le Centre de recherche de Bruxelles sur les inégalités sociales.

Pour le CREBIS, la recherche offre un outil essentiel de lutte contre les inégalités, à condition qu’elle se rapproche de l’intervention sociale de première ligne. Le croisement de ces cultures professionnelles permet de produire des connaissances ancrées dans les réalités de terrain. Il permet aussi de dégager des pistes d’action concrètes. Dans cette approche collaborative, il ne s’agit pas de nier les spécificités de l’intervenant social ou celles du chercheur mais de parvenir à lier leurs métiers. Et de permettre aux différents types de savoirs – académiques, professionnels et expérientiels – de se renforcer mutuellement et de s’exprimer sans hiérarchisation.

Le CREBIS voit le jour dans un contexte social et sanitaire inédit. L’un de ses premiers objectifs sera d’identifier les préoccupations qui agitent aujourd’hui le secteur social-santé bruxellois et de faire de ces questionnements autant de priorités pour le monde de la recherche. À moyen terme, le CREBIS entend créer des espaces de partage réunissant chercheurs et intervenants sociaux. L’enjeu de ces échanges est clairement transformatif. Il s’agit de déplacer les pratiques de recherche par le biais de méthodologies renouvelées qui dépassent le principe de neutralité pour viser la transformation et la justice sociales. Il s’agit aussi de transformer les pratiques de l’intervention sociale en permettant aux professionnels de développer des outils réflexifs visant à repenser leurs cadres d’intervention.

Ce numéro de Pauvérité explore les enjeux et les implications de ces croisements de cultures professionnelles et de savoirs. Cette réflexion reste ouverte et les membres du CREBIS désirent y associer tous ceux qui le souhaitent par le biais des différentes activités présentées au fil de ces quelques pages.

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